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Cardiologie,

Dernière mise à jour : 1 déc. 2021


Par ce que les vacances sont finis (enfin presque) et qu'il va falloir retourner travailler.

Par ce que l'expérience d'écriture pendant ce périple m'a beaucoup nourrit.

Par ce que la vie nous offre de grandir grâce à la moindre parcelle de notre quotidien.

Par ce que la perfection est une illusion qui détruit.

Et que la vulnérabilité et les failles sont d'une beauté fascinante.

Je dépose ici, un texte qui a quelques années mais qui n'a pas pris une ride...


Souvenir d'infirmière...

Dans la pénombre de sa chambre d’isolement la pâle lumière jaune du lit éclairait son bloc de papier.

Elle était ma patiente depuis des semaines et j'étais habituée à son écriture, aux ratures, aux phrases inachevées, à l’utilisation traumatisée de la page blanche.

Ce bloc remplaçait la parole que la maladie et les drogues lui avait ôté quand nos gestes ne suffisaient pas, ou que mes mots ne trouvaient pas son approbation et que mes yeux tantôt amusés, tantôt agacés fleuretaient avec le plafond.

Mais là, mon regard fut attiré par une écriture régulière sur la page. Un début, une fin, une signature.

Une lettre qui prenait toute la page, quelques dessins enfantins, des cœurs.

Sur cette page ces quelques mots ;


« Je suis venu mais tu dormais tellement bien que je n’ai pas osé te réveiller. J’espère qu’ils vont trouver ce qui ne va pas. Si tu ne te réveilles pas, dommage, mais mon cœur était près du tien.

J’ai fait le shampoing des poux, j’en avais pas mal.

Le soir après t’avoir vu je suis seul à la maison, et c’est BIZARE.

R est parti hier soir et n’est revenu que ce midi, notre fils se fou de tout. Il prend son argent et s’en va. Pas de bonjour n’y d’au revoir.

Toi tu es ici.

Je suis un peu triste de me retrouver seul. Pas d’ami, pas faim. J’essaye de garder le moral.

Mais je continuerais à ma battre jusqu’à ce que tu ailles mieux.

J’espère que le bonheur va venir.

Je suis revenu vers 17H20. Tu dors toujours alors je vais partir.

Sache que quand on s’est marié, c’était pour le meilleur et pour le pire. Je tiens beaucoup a cette promesse, et je suis toujours à côté de toi.

Je t’aime, a demain.

Je vais y aller pour faire au moins un peu de courses. Je t’aime très fort. »


Je suis restée là un long moment, immobile, dans la pénombre. De grosses billes perlaient sur mes joues. J’avais l’espace d’un instant pénétré leur intimité, bercée par la douceur de se cocoon… Improbable.

Comme un petit moment de grâce qui m’était offert à moi, rien qu’à moi.

Comme une gifle aussi, de celle qui ébranle vos certitudes. Et la vie rit du tour qu’elle vient de vous jouer.


« Ahhhh tu pensais quoi jeune fille, que l’attachement des cœurs exclue les toxicomanes, les malades mentaux ou les cancéreux ? Tu imaginais que l’amour était un permis à point et que le cumul de disgrâce ou de dysfonctionnement te mettait sur le banc de touche ?

Il semblerait que les nœuds des âmes assorties ce jouent de ton regard, et c’est très bien ainsi. »


C’était une petite graine plantée dans un cœur aride. Mais c’était le genre de graine qui se moque de la sécheresse et qui attendrie le terrain. Une chance…



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