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Et surtout, prends du plaisir !



Seul le bout de mon nez dépasse de la surface de l’eau brûlante.

« Ne pas inhaler... »

Le jeu peut sembler pervers, mais il n’en est rien.

Il est un filin, une corde tendue, un passage de relais.

Il est un rappel des origines, de la matrice première.

Un lien entre l’intérieur et l’extérieur.

Là, en position fœtale, les genoux repliés sur ma poitrine, il m’oblige à une respiration ample, calme.

Alors seulement, mon corps se relâche, et mon esprit s’autorise à vagabonder.

« Prends du plaisir ! »

Cette petite phrase, entendue très souvent ces derniers jours, ricoche à la surface de l’eau.

Elle se reflète en dansant sur les bulles de savon.

Prends du plaisir, bon sang ! Une injonction au bonheur, à la jouissance. Encore une mode, cette histoire...

Ça me fait sourire, et je manque de boire la tasse.

Prendre du plaisir... ? Là, comme ça... ? Devant autant de monde ?

« Sur scène, tes émotions doivent être à nu. Être sur scène, c’est comme faire l’amour. » J’avais 13 ans quand mon maître de ballet m’a balancé cette phrase.

« Sur scène, il n’est pas question de feindre, de simuler, de singer. Pas non plus question de se cacher. »

C’était une énigme que seul le cœur semblait pouvoir résoudre.

La partie en soi qui s’alanguit sous un rayon de soleil sur le visage, qui frissonne à la caresse du vent, qui s’émeut d’un regard...

Je bulle... Comme pour esquiver la question... C’est si loin tout ça...


Il ne me reste alors qu’à tomber les masques, faire sauter l’armure et afficher, sans fausse pudeur, ce qui m’anime.

Laisser émaner les fêlures, les imperfections.

C’est dans cette grâce fragile que le beau apparaît, je crois...

 
 
 

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