Le bon sens

Ou comment l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Frappée par une montée de yang du foie, (une colère pour les novices en médecine chinoise), j’ai eu envie de partager avec vous une réflexion sur l’expression « Le bon sens » et ses répercutions.

Et pour ce faire, je sors quelques instants de la bulle dans laquelle je vis.

En effet, ayant fait le choix de vivre sans télévision, sans écouter les infos, en faisant le tri des médias que je lis. Je vie plutôt joyeusement dans un monde de paillettes et de licornes…

Mais ce soir, groggy par une bonne douche chaude tellement méritée, j’ai repris la route en omettant de rebrancher mon téléphone portable. De fait la radio a pris le pas sur mon dernier podcast…

Avoir du bon sens est une expression que l’on utilise assez volontiers, qui ne nécessite pas d’argumenter, c’est juste du bon sens.

Et si cette expression était plus pernicieuse qu’elle n’y paraissait…

Et d’ailleurs j’ai eu un peu de mal à comprendre pourquoi la colère me montait en écoutant un épidémiologiste de renom qui ponctuait chacune de ses phrases par ; « c’est du bon sens ». Je n’entendais pas d’argumentaire tel qu’on l’attendrait d’un scientifique, juste « c’est du bons sens… »

Ep puis j’ai compris…

Et ça donne à peu près ça « ohhh Boulette on t’as déjà dit de poser ta fourchette, alors si t’as du diabète et des maladies cardiaques va pas falloir venir pleurer, c’est du bon sens. Et toi Robert ton cancer du poumon, c’est marqué quoi sur ton paquet de clopes, hein il est ou ton bon sens ? »

C’est un peu violent n’est-ce pas ?

C’est ce que j’ai réalisé. Que cette expression peu vraiment avoir l’effet d’un jugement, d’une humiliation. Elle tombe comme un couperet ne laissant pas de place pour l’autre d’avoir son libre arbitre, d’avoir sa propre vision du bon sens, d’avoir une culture différente, une vie différente, ou juste un moment d’égarement et la nécessité de réassurance.

Le bon sens sous entends que le reste et le mauvais sens. Et surtout sans aucune justification juste par ce qu’on l’a décidé.

Alors comme je ne suis jamais franchement dans le bon sens, cette petite réflexion sur cette expression loin d’être vide d’intention me rappelle qu’il n’y a rien de plus subjectif et creux que le sentiment de bon sens.