Odalisque...

Immersion dans un univers qui m’intriguait et que je souhaitais découvrir. Milieu de l’ombre, du fantasme, de la sexualité dans tout ce qu’elle a de plus brut, de plus décomplexé. Au vu de l’article je m’attendais à un endroit différent des clichés et de nos représentations de la sexualité qui se marchande.

Un concept ou la femme serait en pleine possession de sa féminité et de ses désirs, ou l’homme assumerait sa part féminine ,ou la parité serait de mise.

Un lieu ou se profilerais une possibilité de sortir des nos conditionnements.

C’était la promesse faite!

Je me suis laissée pénétrer en son coeur, métaphoriquement parlant, j’entends. Car j’ai assez vite compris que j’aurais grand peine ce soir à nourrir mes désirs et fantasmes, que j’aurais grand peine aussi à trouver un mâle possédant de quoi éveiller en moi la moindre parcelle de désir suceptible de me faire grimper aux rideaux.

J’ai ouvert la porte sur un concentré de clichés d’une société machiste qui fait croire aux femmes qu’elles ont la liberté de leur sexualité, en continuant de nourrir le désir des hommes.

Ahhh bah perso en qualité de femme j’attends toujours de quoi le nourrir mon désir…

Rencontrer un bel éphèbe ? Mon prof de yoga trop sexy qui fait des postures nu ? Un latin avec des boucles brunes collées par la sueur qui tombent sur son regard de braise, revisiter avec lui le pas de deux de « la petite mort »? Danser nue autour de ce feu? Que nenni… A la place, j’ai dû subir une quantité de striptease féminin si peu sensuel, si peu sexuel… Des hommes mal apprêtés, dans leur jus, refusant de jouer le jeu. Et le propriétaire des lieux qui surveille, le tout dans un endroit peu engageant. Le seul truc vraiment cool, c’était la musique !

Les filles ?! Montrer votre chatte et faire semblant de vous toucher en grimancant dans de la mauvaise lingerie en satin made in China, simuler votre jouissance devant des hommes habillés et qui de surcroît refusent de se mettre à nu, fait vraiment de vous des femmes libres dans votre sexualité? On n'avait pas dit qu’on arrêtait avec ça ?

Mais reprenons …

Ce bar a le nom de « bar à fantasmes ». La plus grosse partie du concept est de donner des spectacles censés susciter une montée du désir pour tous les spectateurs (hommes, femmes, le public est mixte et en quasi parité). C’est un spectacle participatif, selon le degré d’envie d’implication, et si l’implication est maximum, il semblerait que l’on atteigne le comble de l’indécence… Je bâille….

Et donc, les « Sweeties » feignant de se tripoter et surjouant un simulacre d’orgasme à vous péter un tympan, vous livrent la clef de la libération orgasmique de la femme : « le lâcher prise ». Sans déconner…

Des millénaires de combats, une vigilance de tous les instants, et la clef était là !!!!! Mais merci les filles ! Si on avait su que c’était si simple.

Par contre, le lâcher prise, c’est pas juste un concept ! C’est surtout un état, une rupture, un virage, une libération, des combats qu’on lâche, d’autres que l’on poursuit, accepter de lâcher le contrôle, vivre authentique.

Lâcher l’égo !

Vous l’avez ?

Mais là, que reste-t-il quand l’égo se fait omnipotent, quand cette décharge immédiate du plaisir laisse place au néant , quand le rideau tombe…

Il reste les masque de faux-semblants. Ces masques si pratiques pour se couper des émotions qui pourraient nous rendre vulnérables.

Pas sur que la clef trouvée soit celle de la jouissance, et pas celle non plus du lâcher prise.

Bon, en gros, j’ai l’impression d’avoir bouffé au Mac Do ce soir, j’ai la nausée et je pète la dalle… Moi qui aime tant la nourriture fraiche et vivante…

Cependant, je suis heureuse de cette expérience et je vous remercie d’avoir aiguisé ma curiosité au point d’être venue voir de mes propres yeux. Je ferai toutefois un choix différent du vôtre.

Mais ma porte restera toujours ouverte si la lassitude de porter un masque vous étreint.

Peut-être même si j’arrive à faire choir ma colère, pourrons-nous emprunter ensemble cette voie différente…

Une voie où la jouissance est avant tout une énergie de l’intérieur qui puise ses racines dans la terre, qui nourrit le corps, qui met un sourire dans le coeur.

Une aventure initiatique avec soi-même, que l’on partage.

Une énergie solaire qui irradie autour de soi.

Une voie où la nudité nous rend beaux. Beaux de nos cicatrices, nos vulnérabilités, nos forces.

A bon entendeur!