Respire...
- cecileboffy
- 30 juin 2022
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 sept. 2024

En cet instant je pourrais vous parler de technique de respiration pour que vous compreniez ce qu’est le Breathwork.
Je pourrais entrer dans une explication détaillée de ce process respiratoire qui nous invite à supprimer la pause qui existe naturellement entre l’inspiration et l’expiration, puis entre l’expire et l’inspire.
Je pourrais vous parler cette respiration connectée, de cette boucle infinie qui peut-être induira en vous des émotions profondes, intenses, de l’ennui, ou un inconfort. Qui vous plongera dans un état de conscience modifié.
Je pourrais vous décrire les sensations physiques que vous pourriez visiter ; la tétanie des extrémités de votre corps, vos doigts en pince de crabe, votre mandibule engourdie, des sanglots incontrôlables, une montée d’énergie sexuelle vous déposant aux portes de l’orgasme, ou encore le cri le plus primitif que vous pourriez pousser.
Ou bien je pourrais vous dire que peut-être vous aurez le sentiment de n’expérimenter qu’une roue respiratoire mécanique ou rien ne se passe.
Et alors tout serait juste.
Je vous dirais ensuite que rien ne durera, que tout passera. Je vous inviterais à vous laisser glisser en vous et à accueillir toutes les sensations que la séance éveillera dans votre corps, dans votre psyché.
De ne surtout rien retenir, et de vous ouvrir juste à observer la suite…
Observer ce que la séance fera bouger dans votre vie, dans votre corps. Dans l’instant ou à distance, dans le calme ou la brutalité.
Mais alors cela ne serait pas rendre justice à l’expérience vécue, cela reviendrait à nier le cheminement et les enseignements de cette semaine, de cette dernière année, et surtout ne pas reconnaitre la place qui est la mienne au cœur de ce chaos.
Ainsi je vais vous faire visiter le Breathwork au travers de ce que le breathwork a éveillé en moi.
Et si j’accepte de partager avec vous la profondeur de cette semaine de respiration, la pudeur m’invite à vous proposer de faire un pas vers moi, un pas en vous, allez au-delà de la lecture de l’ombre.
Investir cet espace entre vous et moi, visiter l’intimité de notre lien, fusse-t-il pour quelques secondes.
Avant de vous faire effleurer les dimensions du voyage qui fut le mien, je vous propose, dans l’instant de glisser en vous…
Portez une attention depuis l’endroit où vous trouvez.
Observez ce qui vous a conduit ici, dans cette lecture.
Visitez les émotions qui vous accompagnent.
Vivez votre inspiration comme si elle était la première.
Relâchez votre expiration comme si elle était votre dernier souffle.
Rentrez avec détachement dans votre respiration…
Dans vos relâchements, vos tensions infimes, les si légères apnées qui accompagnent les mouvements de votre diaphragme.
Écoutez les battements de votre cœur…, son écho si discret que parfois on ignore.
Ça y est, vous y êtes ???
Alors je vous emmène !
Le retour d'Ibiza;
Les premiers éclairs strient le ciel, l’orage approche.
Les nuages s’épaississent au loin sombres et denses, j’attends, enfin…
Il y a en moi cette tension qui grandit, qui s’impatiente, qui cherche une issue. Je ne suis pas habituée à abriter autant d’énergie subtile.
Cette accumulation d’énergie à la polarité négative est en excès, j’ai hâte de retrouver mon équilibre, ma densité, de retrouver du lest dans mon corps.
Ma peau se parcoure de frissons à chaque grondement.
Le tonnerre vibre en moi en une déflagration, une onde de choc. Ma respiration calme, profonde, accompagne le tambour intérieur, il bat à mes tempes, pas plus vite, juste plus fort, plus intensément.
Les premières gouttes de pluie s’abattent annonçant la libération.
J’aurais pu sortir nue, exposer mon corps de la façon la plus direct, utiliser le chemin le plus court, profiter des sensations que procure l’eau, le vent, la moiteur, le froid sur ma chair.
Je suis empêchée… les voisins, le mental, la perspective de la maison de fou. Et pourtant ce serait si juste …
Alors je n’ai qu’une chemise de coton pour couvrir ma peau, à laquelle il ne faudra guère plus de quelques minutes pour saturer sous l’intensité de la pluie. Mon corps frissonne sous l’humidité, mes cheveux dégoulinent, mes pieds nus pataugent sur le sol détrempé.
Je ruissèle, et décharge dans de grands soupirs les émotions fulgurantes que l’orage emporte avec lui. Je tremble, de froid, d’émotion, de soulagement.
Petit à petit l’énergie subtil expansée autour de mon corps se densifie, retournant dans la matière, dans ma chair, réduisant la sensation de roulis qui faisait tanguer le moindre de mes pas.
Me soumettre à la force des éléments est une délivrance.
Quelques jours auparavant ;
De voyages en voyages j’avais senti un appel en moi, une curiosité, un glissement voluptueux.
Je l’avais frôlé lors de la séance précédente, un peu timide, étonnée. Je l’avais visité en surface sans pour autant me laisser aller, jouant de retenue et des limitations de mon mental.
Encouragée par le clan, mon clan. Portée et soutenue par celles qui appartiennent à la même veine, à la même faille. Celles qui parlent le même langage, invisible mais tangible. J’ai été autorisée à plonger en moi pour retrouver cet univers illimité.
C’est après coup que l’on réalise ce qui s’est joué sur ce laps de temps.
Perdre toute notion d’espace, de distance, de profondeur, de temps, se sentir happée par ce vide.
Se retrouver au confins de soi, au confins de l’univers.
J’ai plongé dans cet endroit sombre, abyssal avec curiosité.
Une petite part du mental reste, aux aguets, analysant le moindre mouvement, la moindre émotion. Ce fut lui le plus surpris dans ce voyage. Il n’y avait rien, le néant, un vide immense.
Un espace ou la notion même de bien et de mal s’efface, comme si elle n’était qu’une construction de la surface du monde, une carapace, mais qu’au fond des choses elle n’existait pas. Un endroit où les émotions telles que nous les visitons sont absentes.
Un vrai sentiment de rien.
Découvrir qu’au cœur du néant, l’infinie prends forme, et avec, la certitude qu’à cet endroit précis il y a tout. Mettre des mots réduit cet espace.
Et de cet endroit si profond j’ai senti en moi gronder un cri,
Ma part consciente, surprise tente alors de le bâillonner, mais mon corps se joue d’elle, il se fait alors canal et des profondeurs les plus insoupçonnées il est sorti de mon corps si petit, un son, un cri si puissant.
Ce cri issu des tréfonds d’un monde lévitant, suspendu.
Comme échappée des confins du néant, n’appartenant pas à cette vie-là, pas à se corps, pas à cette espace-temps, ce cri m’a semblé archaïque, primaire, initial.
Je vous raconte ce cri au travers de la sensation que j’ai éprouvé lors de son passage en moi, je ne vous parle pas du son qu’il a produit car en vérité je ne l’ai pas entendu dans la matière. J’étais bien trop occupée et fascinée à observer son origine, ses vibrations dans mon corps, sa trajectoire.
Quant à sa portée…
Il fut, à ce que l’on m’a rapporté, saisissant, glaçant, libérant…
Il fut… au travers du regards des autres, au travers de leurs attitudes, de leurs mots, de leurs gestes, de leurs retours.
L’espace de quelques secondes il a existé dans la matière, venant s’accrocher aux adhérences de chacun, amenant avec lui un certain chaos.
Je devenais alors le vecteur d’une errance, d’un désordre général, me confrontant à cet état de fait qui souvent me crispe, et que je nie bien volontiers ; Je suis un coin à fendre…
Il ne m’avait pas épargné sur son passage ce cris. J’allais devoir lever le menton du sol, accepter de regarder la vie plus fièrement, sourire d’exister un peu brutalement, un peu guerrière, confrontante, sauvage.
Je regrette un peu de ne l’avoir pas entendu…
Alors le Breathwork devient une expérience hors norme.
Se laisser traverser par la colère, la joie, le vide.
Observer des mondes inconnus à l’intérieur de soi.
Visiter le chao dans le néant, et n’avoir aucun mot pour le décrire, avoir juste la certitude que cette rencontre n’est pas la première.
Danser sur les limites de la folie, la toucher du doigts, jouer avec elle, ne plus la craindre, accepter qu’elle soit précieuse et créative.
Remettre en perspective l’histoire de la densité et du subtil.
Percevoir et vivre à l’intérieur de son corps la douleur, la jouissance, la peur, la joie
Accepter de sentir l’étincelle de vie vibrante et lumineuse, le délitement de la mort puissante et silencieuse.
Et surtout ne pas poser du mental.
Car au final la magie dans le Breathwork c’est de n’avoir qu’à vous laisser guider, à plonger en vous. L’univers s’occupe du reste.
Une séance ne ressemblera jamais à une autre, vous allez traverser bien des émotions, bien des contrées, de votre histoire, de celle de vos lignées, du collectif.
Il n’y a rien d’ésotérique dans la pratique du Breathwork, il n’y a pas à sortir les oracles, à y voir des signes, à faire des incantations.
Il y a juste à accepter de se détacher du mental, puis en conscience de soi reconnaitre que chacun appartient au tout et que tout est interconnecté.
Il y a à entendre que le mental freine la vie, limite les opportunités, retarde les voyages, les rencontres.
Et observer ahurie, que dès lors qu’on lâche le mental, l’impact de son voyage intérieur est immense dans la matière.
Observer son incidence sur le monde qui nous entoure. Une apparition, une fuite, un message d’amour, une confrontation, une situation inextricable qui se noue, se dénoue.
L’infinie ouvre enfin ses portes.
Il reste cependant un mystère non élucidé sur cette semaine de Breathwork, et pas des moindres.
Un mystère que même nos descentes nocturnes dans la cuisine n’ont pas réussi à résoudre.
Qui a mangé la mousse au chocolat qu’il y avait dans le moule a gâteau sur la dernière étagère du frigo ?
CB
PS :
Et pendant ce temps à Ibiza, les journées les plus longues de l’année s’étirent dans une danse extatique.
J’ouvre un œil comme appelée au cœur de ma danse et me trouve nez à nez dans le fond du jardin avec un crapaud en terre cuite.
J’éclate de rire.
« Encore toi ! » Tu n’en finiras donc jamais de me surprendre, de te tenir sur mon chemin, l’air hagard, surpris d’être ici.
Je suis aussi si émue de te voir, de te sentir.
Et pour le reste… Les mots ne suffiraient pas.
Merci pour le voyage.
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