Saint Véran
- cecileboffy
- 22 mai 2023
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 mai 2023

L’édifice porte l’empreinte éternelle des espaces sacrées. Semant çà et là les stigmates d’un temps révolu qui nous propulse depuis la ruelle, dans ce qui n’a aucune prise sur le temps.
A l’image des lions stylophore trônant devant l’entrée, assis sur d’innombrables humains et tenant un petit d’homme entre leurs pattes félines. Ils ont perdu leurs crinières à force d’être tant caressés par les affres du vent, de la neige, de la douleur des cœurs lourds... La pierre sculptée devient alors la matérialisation de cette piété que l’on offre à la foi.
Attention, je ne vous parle pas de croyance bigote et aveugle, je vous parle de cette sensation intérieure, cette espace indéfinissable dans le cœur, vibrant, irradiant. Que souvent l’on ignore, on camouffle, on peine à entendre. Ici l’expérience, le jeu, est de reprendre le contact avec cette part délaissée. D’observer les battements intérieurs occuper tous l’espace. Laisser s’exprimer le miracle ténu et palpitant de ce qui ne tiens qu’à un fil.
Ce n’est ni une blague, ni une métaphore pour le coup, c’est un vrai jeu auquel je m’adonne à chacun de mes passages dans le temple de ce village.
Alors si d’aventure vous traversez ce village conservé intact depuis les nuits des templiers. Ce patelin ravitaillé par la majestuosité des vautours fauves, des aigles royaux, des gypaètes barbus. Ce hameau ou ne survivent que ceux capables de toucher du doigts les étoiles.
Je vous invite à faire le jeu du cœur...
Pour ce faire vous n’avez besoin de rien d’autre que de silence.
Montez les quelques trois marches en pierre qui conduisent sous le porche du temple. Observez combien l’usure est plus marquée sur la droite que la gauche. Comme si les corps c’étaient délestés d’un poids entre l’entrée et la sortie. Comme s’ils avaient gagné en légèreté. Peut être même certains ne sont-ils jamais ressortis du sanctuaire. Sont-ils repartis en volant ?
Arrêtez-vous un instant sous les poutres de bois, prenez votre temps pour pénétrer l’enceinte de l’église, respirez à plein poumon cet air frais des montagnes, laissez vous traverser. Calmez votre mental, il n’aura rien à faire.
Poussez la première porte, une lourde porte de bois à la serrure dorée.
Faites attention ! il y a une petite marche ! N’allez pas faire un frontal contre la porte suivante. Refermez la première, avant d’ouvrir la seconde.
Entrez...
Nous y sommes. L’expérience peut enfin commencer.
Choisissez un banc en bois au cœur de l’office, et asseyez-vous.
Chuuuut, plus un mot.
Maintenant observez la densité contenue entre ces pierres ocres. Vous sentez ? Vous entendez ce qui parvient à vos oreilles ?
Ce son sourd et plein d’une peau de tambour martelée avec une régularité et une puissance envoutante.
Cette musique parfaite qui rythme votre petite voix intérieure.
L’harmonie des battements de votre cœur...
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